No-code, Intelligence Artificielle… le métier de développeur est-il en danger ?

Depuis plusieurs années, le terme “no-code” est de plus en plus répandu dans le domaine du développement logiciel et de la création d’applications. Ce terme désigne une approche de développement qui consiste à créer des applications / outils qui permettront aux utilisateurs de se passer de code pour leurs différents usages. L’idée est de développer des outils visuels et intuitifs ne nécessitant pas l’utilisation de code informatique.

À l’aide de mécanisme comme le glisser-déposer, l’assemblage de blocs pré-construits ou via des éditeurs de contenus personnalisés, les outils no-code permettent de créer de nombreux éléments comme des images, des vidéos, des automatisations de processus métier, des sites internet ou encore des applications, le tout sans avoir aucune connaissance technique préalable.

Le no-code permet aux personnes sans compétences en programmation de devenir des créateurs et de développer leurs propres solutions logicielles. Grâce à ces outils, n’importe quelle personne pourra répondre à des problématiques techniques complexes et / ou créer un business sans avoir à se former sur la technique.

L’IA (Intelligence Artificielle) quant à elle est plus récente (tout du moins sa démocratisation) et elle permet aux machines d’effectuer des tâches qui nécessitent normalement des capacités cognitives humaines, telles que la perception, le raisonnement, l’apprentissage, la prise de décision et la résolution de problèmes.

La question se pose donc quant à l’importance des développeurs dans les années à venir.
Le domaine, pourtant en pénurie de développeurs, va-t-il disparaître au profit de ces nouveaux outils accessibles à tous et à moindre coût.

Le cas du no-code

Côté no-code, il est désormais possible de créer des applications et des sites-web sans avoir besoin d’un développeur, ce qui était jusqu’alors impossible ou nécessitait des connaissances techniques. Là aussi, on peut se questionner sur l’impact que représentent ces technologies sur le métier de développeur.

Avant de s’alarmer sur la disparition du métier de programmeur informatique, rappelons-nous que la présence d’outils visuels pour pallier au manque de connaissances techniques n’est pas nouvelle. En 1997 (non, vous ne rêvez pas), Macromedia sortait Dreamweaver, un outil de création de site visuel à partir d’éditeur WYSIWYG. Une révolution pour l’époque qui laissait penser que le métier d’intégrateur web allait disparaître. Et pourtant, les développeurs front-end et intégrateurs sont toujours présents et même plus nombreux qu’avant.

Malgré l’évolution des outils no-code, de nombreuses contraintes directement liées au développement laissent penser que cette technologie ne sera pas à l’origine du déclin des développeurs web ou logiciels. Voici les principales raisons :

• Un développeur est nécessaire pour développer un outil no-code. Les outils disponibles actuellement et ceux qui seront créés dans le futur nécessitent forcément les compétences d’un ou de plusieurs développeur(s).
• Le langage de programmation ainsi que les devices évoluent, les outils devront donc être mis à jour et répondre à de nouveaux besoins qui ne pourront être implémentés que par des développeurs. À moins que l’IA soit capable de prédire l’avenir ? 👀
• Les fonctionnalités proposées par les outils no-code restent spécifiques et ne peuvent répondre à tous les besoins, elles ont été développées pour satisfaire des fonctions programmées. Dès lors que l’on souhaite sortir du service fourni et bénéficier de fonctionnalités spécifiques (telles que la compatibilité avec d’autres outils par exemple), il faut l’aide d’un développeur.
• La qualité produite ne sera jamais à la hauteur d’un professionnel du domaine. Je prends l’exemple du domaine du web que l’on connaît bien chez Undefined (le développement de sites web), la qualité fournie par ces outils no-code n’égalera jamais la qualité d’un professionnel qui connaît parfaitement son domaine et qui pourra analyser votre besoin ainsi que vos contraintes afin de vous proposer un produit de qualité et qui dure dans le temps.
• La sécurité, c’est un point rarement abordé lorsque l’on parle de no-code mais c’est un aspect essentiel de tout programme informatique. Malheureusement, on voit encore trop souvent des outils no-code intégrant notamment des failles de sécurité critiques dans les services qu’ils proposent. Ces failles permettant souvent le vol de données et / ou l’injection de contenu malveillant sont des axes essentiels d’amélioration de ces outils. Il en est de même pour l’IA, sans connaissances techniques, vous ne pourrez pas vous assurer que le code produit par l’intelligence artificielle est tout à fait apte à protéger les données de vos utilisateurs ainsi que l’intégrité de votre site et / ou application.

À noter également que les outils no-code sont déjà utilisés par les développeurs pour de nombreux cas. Si l’on prend l’exemple de WordPress, les thèmes et plugins existent depuis de nombreuses années et peuvent être assimilés à des outils no-code car ils permettent de répondre à des besoins sans avoir la nécessité d’écrire des lignes de code. Ces mêmes plugins proposent des interfaces d’administration avec les mêmes mécaniques que les outils no-code proposés aujourd’hui.

Le métier de développeur évolue à l’instar des langages, des outils et de l’éco-système informatique, eux aussi en constante évolution. Les développeurs doivent donc se mettre à jour, appréhender les nouveaux enjeux et répondre à des besoins différents. C’est ce que font les développeurs depuis que le code existe. Chaque développeur en est conscient, s’ il ne se met pas à jour, il ne pourra pas survivre éternellement.

De nouveaux postes voient également le jour pour répondre à des problématiques différentes et des technologies qui évoluent. La big data et l’intelligence artificielle sont de bons exemples, car ces technologies ont fait émerger de nouveaux métiers.

Il en est de même pour le no-code et les outils basés sur l’IA qui créent de nouveaux emplois sur des postes pas toujours ou moins techniques.

Ces métiers ne remplacent pas les développeurs, ils répondent à des besoins différents même si il est vrai que certains projets jusqu’alors impossibles à mettre en place sans l’aide d’un développeur le seront désormais grâce à des outils no-code ou via l’intelligence artificielle.

Les développeurs se forment et bénéficient également de ces outils pour se focaliser sur d’autres aspects du développement. Mais cette évolution n’est pas nouvelle, rappelez-vous des langages de programmation bas-niveau qui ont disparu au cours du temps pour laisser place à des outils de plus en plus sophistiqués et qui facilitent le travail des développeurs, je pense notamment aux frameworks. Peu importe le langage utilisé, les développeurs sont de plus en plus assistés et c’est une bonne chose.

Ces nouveaux outils sont une bénédiction pour les développeurs, ils favorisent leur productivité, leur permettent résoudre des problèmes plus rapidement et plus facilement, sans pour autant remettre en cause leur nécessité à exister.

Il est bien de bénéficier d’outils qui développent à notre place, mais la compréhension technique et les compétences de développement sont essentielles pour maintenir des programmes et les améliorer.

En conclusion, le no-code et l’intelligence artificielle peuvent faire craindre un déclin des développeurs, mais il est bien ambitieux de parier sur la disparition d’un métier à l’origine de ces nouveaux outils.

En plus de cette nécessité de conserver le métier de développeur pour maintenir et faire évoluer ces nouveaux outils, les compétences techniques seront toujours indispensables pour certains développements complexes. Que ce soit pour combler un manque des outils no-code ou pour dialoguer avec l’intelligence artificielle dans le but de générer du code et des programmes.

Mais il serait malhonnête d’affirmer que ces nouvelles technologies n’auront aucun impact sur le métier de développeur. Elles seront, au contraire, des alliés non négligeables des développeurs juniors comme expérimentés. Nous devons compter sur elles pour faire évoluer le métier de développeur.